Le Grand Départ
Pas d’ordinateur de bord? Pas de logiciel de navigation. Certes, l’utilisation du numérique à bord est seulement sensée appuyer la navigation traditionnelle. Néanmoins, la tendance actuelle lui donne une place de taille. Nous aimons les challenges mais pas les risques inutiles. Rien de mieux que des cartes papiers sur lesquelles je pourrai calculer notre estime et reporter les relevés GPS. Une chance, alors que notre départ est retardé, Eric, l’ancien propriétaire du bateau et grand navigateur au long cours, nous a préparé un cadeau: toutes les cartes papiers du Golf de Gascogne aux Baléares!
Une aubaine dont nous saurons tirer partie. Nous partirons avec deux ordinateurs préparés à recevoir les cartes numériques et la réception AIS (voir Où sommes nous)! Mieux vaut prévenir que guérir.
Jour J: Mercredi 2 Novembre
Il est 5h00 lorsque nous sautons du lit, les deux pieds dans les bottes à en faire trembler le plancher. Plus motivés que jamais alors que la première page de cette odyssée va s’ouvrir, nous déjeunons tous les cinq sous un fond de Pink Floyd fortifiant l’onirisme qui nous habite. Un quart d’heure plus tard Nicolas est déjà sur le pont, lampe frontale allumée, pour retirer les tauds de grand voile et d’artimon.
Tout le monde sur le pont quand à 6h30 la clef tourne au bout des doigts de Philippe… Rien… Pas un bruit ni mouvement de mécanique. Pas le temps de râler, les capots sont relevés et la panne détectée: le déclencheur du démarreur ne reçoit pas de courant. Il faut deux heures et demi pour régler le problème mais tout vient à temps à qui sait attendre.
La marée est descendante, le bateau est fortement plaqué contre son quai, mais nous partons!
Il est 9h10, il fait frais, le ciel brumeux écrase les deux mats de La Belle Anaïs et nous hissons les voiles.
Encore un problème?! Le Yankee, la voile d’avant, ne se déroule pas normalement bien que nous l’ayons vérifiée avant le départ. Valentin ira contempler Lorient et l’île de Groix du haut des 17 mètres du grand mat et réglera le problème pendant que nous naviguons, concentrés, entre les balises latérales indiquant la sortie du port.
Nous voila en mer! Les nuages laissent place au soleil qui vient nourrir nos rêves et réchauffer nos coeurs. C’est dans le cockpit que l’équipage partagera son premier repas.